C’est seulement à 19 ans lorsque l’on me proposa de faire du bénévolat pour un festival de théâtre que je découvris cet univers.
Ce fut une révélation. Un choc.
Aujourd’hui, après avoir monté plus d’une trentaine de spectacles, je sais que mon rôle n’a rien de celui d’un démiurge. Un.e romancier.e peut écrire à l’écart du monde, un.e peintre aspirer à la solitude d’une vallée pour en rendre la splendeur, un.e comédien.ne peut briller en interprétant un monologue, mais le/la metteur.e en scène, tapi.e dans l’ombre d’une salle de répétition, projette et crée par procuration.
Afin que les artistes puissent travailler décemment, les lieux comme l’Avant-Scène, théâtres subventionnés, offrent des espaces de résidence où les compagnies vont développer et laisser grandir un projet jusqu’au moment des représentations. Les techniciens et tous les corps de métier viennent œuvrer à la réalisation et la diffusion d’un spectacle.
Mettre en scène
Mettre en scène, c’est générer un potentiel de situation d’où surgissent des possibles. C’est créer un espace-temps où rien n’est joué d’avance. Où tout est en mouvement. Tout se négocie sur scène. Tout se transforme. J’aime ces moments intenses où je découvre avec les comédien.ne.s une interprétation nouvelle, où le texte vient s’articuler instantanément avec le jeu ou au contraire se place en contre-point ; je traque les propositions qui d’un seul coup éclairent l’ensemble avec radicalité, je flaire celles qui déroutent et ouvrent sur d’autre voies, offrent d’autres issues. Avec le/la scénographe, l’espace se structure, prend du volume ; le/la musicien.ne l’emplit de sons qu’elle/il diffuse au fur et à mesure modulant l’expérience de plateau, la transformant.
L’Avant-Scène, théâtre devenu familier pour la Cie Le Meilleur des Mondes [ma compagnie, accueillie en résidence en 2019 puis à nouveau en 2020 avec, à la clé/fin une programmation de la pièce ainsi travaillée], offre aux artistes, ces espaces de liberté et d’expérimentations qui leurs sont si nécessaires et leur permet de s’exprimer sur le monde d’aujourd’hui et de demain. Il s’engage à leurs côtés, impulse des réflexions et des actions pour un futur viable, écoresponsable. Ce théâtre offre une place au doute et à la recherche, acte subversif dans un système néolibéral où la performance, le résultat et l’efficacité convoitent le devant de scène.
Sandrine Hutinet, metteuse en scène de la Cie Le Meilleur des Mondes (Angoulême).
La pièce « Walter, mon ami un peu étrange »
« Ils ont tous des parents sympas, qui cuisinent des légumes bio et emmènent les enfants à des cours de chinois. Mes chances dans la société sont lamentables. Je mange des pizzas toute préparées et je lis des livres sur l’univers et les nouvelles technologies. »
Lisa n’a pas 10 ans. Elle a l’impression de devoir tout faire toute seule. Elle se sent oubliée, livrée à elle-même.
Lisa scrute le ciel à la recherche d’un monde meilleur. Un jour, ayant perçu un signal, elle se rend dans la forêt et fait une rencontre toute à fait fortuite avec un extra-terrestre : Walter.
Représentation jeudi 5 novembre à 19h30
Représentations scolaires jeudi 5 et vendredi 6 novembre.