Nosfell « Le corps des songes »
(reprogrammation suite à annulation Mars 2020)
« Lorsque j’étais enfant, mon père me réveillait régulièrement la nuit. Il voulait que je lui raconte mes rêves. Il s’en nourrissait et me contait les siens en retour.
Durant ces colloques nocturnes, il me parlait dans un langage incompréhensible. Plus qu’une succession d’onomatopées diffuses, les sons qui sortaient de sa bouche étaient chaque fois les mêmes, la même prosodie, mais ne provenaient d’aucune des sept langues qu’il parlait couramment. »
Nosfell tire de son enfance un univers poétique et hypnotique. Il y développe une langue et un territoire imaginaires, qu’il distille dans sa musique et ses spectacles depuis douze ans. Dans cette première création, il souhaite mettre en scène un conte cruel inspiré de son enfance, pop dans sa forme, onirique, chorégraphique et vocal.
Un seul en scène autobiographique et musical, mettant en perspective la place de la langue maternelle, et paternelle, dans le processus d’intégration sociale.
Au début des années 2000, Nosfell, autodidacte, chanteur, compositeur, multi-instrumentiste, apprend son métier sur le terrain, en se confrontant à tous les lieux (bars, clubs, rues) et les publics qui vont avec. Peu à peu, il raffine un équilibre unique entre travail vocal et un accompagnement instrumental sophistiqués, tout en développant un univers littéraire très personnel. Après un long séjour au Japon, au cours duquel il écume les petits clubs de Tokyo et Kyôto où il rencontre des musiciens comme Nasuno Mitsuru et Katan Hiviya, il accumule les récompenses et critiques dithyrambiques.
Les musiques populaires sont la base de sa culture. Ses humeurs musicales se colorent selon un imaginaire très personnel. Pour cet ancien étudiant en langues orientales, rien de plus évident que de jouer avec les mots, les sons et leurs sens. Son univers onirique et baroque, souvenir revisité et méticuleusement travaillé d’histoires racontées par son père, est servi par un registre vocal d’une grande souplesse et amplitude. Surfant entre des aigus suaves et des graves très sombres, sans jamais perdre la qualité intime de son chant, Nosfell module les nuances en se jouant des stéréotypes et des clichés masculins-féminins.
Avec le soutien de l’ONDA
Collectif ES « Première mondiale
Pour leur 4ème création, Sidonie, Emilie et Jérémy sont retournés à la source de leur danse, disques des parents, pop culture ou bal de village et proposent une pièce constituée de trois solos. De John Travolta à Maurice Béjart en passant par le tube de l’été 2017, ces matières et objets personnels brossent un portrait puzzle de ce collectif. Explorant la notion d’identité, les trois danseurs s’interrogent sur leur rapport à la danse et à la création, mais également sur le temps qui passe. Une pièce de trois solos collectifs, qui fait un zoom sur l’individu, sa construction intime et comment l’individu fait œuvre collective.
Pour cette création nous nous mettons en jeu dans un processus différent, en partant de recherches individuelles en studio et de la création de trois solos dont chacun est l’auteur. Ensuite seulement, ces matières et objets personnels se rencontreront pour ne faire qu’une pièce : une fabrique collective.
Comment alors, créer un ensemble complémentaire, complexe, à la fois personnel et commun ? Observer la manière de « mettre en commun », observer comment ces objets vont changer et se façonner sous le regard de plusieurs.
Un projet qui creuse la définition même de ÈS.
Ès, cette préposition est toujours suivie d’un pluriel pour exprimer l’idée « en matière de ».