Noé Soulier « Les vagues »
Tout ne se dit pas avec des paroles. Une posture, un coup de tête, une paume pressée contre une autre : cela raconte, exprime, tout autant qu’un discours. C’est à cette expression éloquente que s’intéresse Noé Soulier. De performances en créations, du Palais de Tokyo à Paris au Los Angeles Dance Project de Benjamin Millepied, le jeune danseur et chorégraphe s’est emparé de cette imperceptible langue des signes, qu’il décrypte et magnifie pour mieux la donner à voir, conservant, dans une approche contemporaine, les joies et les envolées du mouvement pur.
Formé au très classique Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, à l’école P.A.R.T.S d’Anne Teresa De Keersmaeker mais aussi diplômé en philosophie, il s’est imposé en quelques années comme une valeur montante de la danse.
Dans cette nouvelle création qui réunit six danseurs et deux percussionnistes de l’ensemble Ictus, la dynamique de la dramaturgie repose sur l’entente entre musiciens et danseurs : « Nous explorons les multiples relations qui peuvent exister entre une phrase musicale et une phrase de mouvements. Cela crée une structure musicale et chorégraphique où la danse et la musique interagissent sans être assujetties l’une à l’autre : nous chorégraphions la musique comme nous composons la danse ». De quoi, à coup sûr, frapper très fort les imaginations !
Les Vagues a été créée en 2018 au prestigieux festival berlinois Tanz im August. Le chorégraphe français est allé chercher dans le chef-d’œuvre éponyme de l’écrivaine britannique Virginia Woolf une source d’inspiration, mais surtout un matériau susceptible de nourrir et enrichir son interrogation sur le geste et ce qu’il peut dévoiler de chacune et chacun d’entre nous. Les Vagues nous emmènent dans un récit de nos expériences corporelles articulé sur un dialogue attentif entre les musiciens et les interprètes.
Cie Androphyne « No futur, no passé simple »
« Faites demi-tour dès que possible » est un spectacle fondateur d’Androphyne. Recréation d’un solo écrit en 1998 par Pierre-Johann Suc et s’emparant d’un questionnement autour de la mémoire et la filiation, le chorégraphe mettra sur scène entre 2009 et 2012, avec l’œil bienveillant et attentif de Magali Pobel, trois générations de sa propre famille.
10 ans plus tard , les protagonistes de cette première expérience ont évolués. L’enfance insouciante des uns a laissé place à l’adolescence avide de réponses, la retraite récente des autres a transformé l’espace infini en contour. Les yeux sont désormais grands ouverts. Les questions se précisent, se dilatent, se décentrent, se fondent et se percutent. Il est désormais temps pour cette tribu de s’emparer de ce moment rare, où l’ingénuité de l’enfance vacille, où le lâcher prise des âges mûrs se précise, pour se lancer et engager le dialogue. Repartir sur les traces du road-trip initial : l’Alsace, la Bavière, la Voïvodie comme terreau de cette nouvelle recherche. Une histoire intime et universelle, où vidéo, danse et théâtre mèneront parents, enfants et grands-parents vers une performance intergénérationnelle bruyante et caustique, délicieusement indiscrète.